Adèle Blais. Que serions-nous?
11 mai au 3 septembre 2023

Commissaire : Frédérique Renaud

Crédit photo : Jean-Michel Naud

 

La peintre et collagiste Adèle Blais souhaite mettre en lumière l’histoire des femmes, grandes oubliées de nos récits collectifs. Elle met son esthétique pop et colorée au service de la mémoire de celles qui l’ont précédée. L’exposition présentée au Musée des beaux-arts de Sherbrooke à l’été 2023 reconstitue le casse-tête des fondatrices des Cantons-de-l’Est et du Québec. Ses tableaux tirent le portrait de femmes politiques, d’artistes, de médecins et de pionnières de tous les domaines, ayant œuvré dans leur communauté, et fait une différence à petite ou grande échelle. Notre histoire locale nous est racontée à travers les fragments des collages éclatés d’Adèle Blais, dans lesquels on retrouve nos racines et même parfois, des airs de famille.

 

 

À propos de l’artiste

Adèle Blais
Crédit photo : Sofia Villeneuve

Créative dès la petite enfance et artiste autodidacte, Adèle Blais a fait sa marque dans le paysage artistique québécois très rapidement en début de carrière, au milieu des années 2000.

Sa signature artistique reconnaissable et son univers esthétique très intuitif, décrit par un critique newyorkais comme du « neo pop happy », sont grandement influencés par son enfance, où la différence est encouragée et cultivée, où les conventions n’existent pas, où les genres, les habits et les activités ne ressemblent en rien à ce qui se passe dans les autres familles. Elle grandit à Sherbrooke dans les Cantons-de-l’Est, entourée de personnalités excentriques et artistiques, dans un univers qui lui offre un grand terrain de jeu et lui permet d’explorer en toute liberté. Aujourd’hui membre active de la communauté artistique, elle n’hésite pas à s’impliquer dans sa région, par exemple lors de l’animation d’ateliers artistiques en milieu scolaire et universitaire.

Ses œuvres ont voyagé au Canada et à l’international en galerie, en musée, hors des murs à la télévision, au cinéma, dans des projections d’art public, sur des murales, lors de festivals et dans le cadre de commandes publiques et privées.

Découvrez les œuvres d’Adèle Blais dans une application en réalité augmentée
« Adèle Blais – Peindre l’histoire »sur App Store

 

Rendez-vous artistique samedi 2 septembre 2023 à 14h00
Dernière chance de rencontrer l’artiste-collagiste Adèle Blais au cœur de son exposition le samedi 2 septembre à 14h00. Vous en apprendrez ainsi davantage sur son parcours artistique et sur le corpus présenté. Il sera également possible d’y déguster les nouveaux cafés FORTES de GÉOGÈNE CAFÉ.  On s’y donne rendez-vous!
Réservation requise : 819 821.2115 ou accueil@mbas.qc.ca

 

À propos d’Eva Tanguay (1878-1947)

Reine du Vaudeville
D’indomptable, Eva Tanguay n’avait pas que la chevelure. Tout son être était lionne : du scalp au caractère; du rugissement à la flamboyance.

Reine du vaudeville du début du 20e siècle, Eva embrasera les scènes, les esprits, mais aussi la presse qui fera d’elle ses choux gras. Avec elle, c’est une nouvelle ère qu’on voit poindre à l’horizon : celle de l’individu en tant que propre divertissement. On ne lui doit pas moins que le concept de superstar dans la culture populaire.

Précurseure des grandes du show-business américain telle que Madonna et Lady Gaga, la petite Tanguay peut pourtant se targuer d’être de racines cantons-de-l’estriennes.

Née le 1er août 1878 à Harding’s Corner (aujourd’hui Dudswell) tout près du village de Marbleton, elle vivra au Québec jusqu’à ses cinq ans. La Grande Dépression poussera sa famille à migrer vers le Massachusetts en 1883, comme bon nombre de canadien-français à l’époque.

Très tôt, elle débute sur les planches au sein de différentes troupes. Son talent pour la comédie, la danse et le chant l’amènera à rapidement gravir les échelons. Elle se démarquera nettement de ses comparses jusqu’à devenir LE nom sur les marquises de Broadway.  En 1908, l’étincelle devenue étoile voit son portefeuille foisonner de 3 500$ par semaine, faisant d’elle l’artiste du vaudeville la mieux payée.

Si sa très libérée chanson à succès I don’t care fait courir les foules et devient sa signature musicale, Eva Tanguay sera surtout célébrée pour ses inexplicables changements d’humeur sur scène. Ses comportements impulsifs deviendront une réelle source de fascination pour un public de plus en plus friand de ses coups d’éclat (et de ses histoires de cœur) au grand plaisir d’une presse vampirique.

En tenant tête aux magnats de l’industrie, Eva devient millionnaire. Un tour de force considérant que les barons du spectacle de l’époque ne sont pas chauds à l’idée de se faire dicter les règles par les artistes, encore moins par une femme. Par son statut financier généré par sa propre carrière solo et par son affranchissement sexuel assumé, la star devient un des premiers modèles d’émancipation féminine, galvanisant le mouvement des suffragettes en Amérique.

Les années 20 marqueront malheureusement le début d’une longue agonie pour la carrière de la mégastar. Sa popularité est en déclin, son corps montre des signes de fatigues et de maladies, sa fortune en prend un coup dans le crash boursier de 1929. Elle tentera de redorer son blason durant moult années, mais le public sera de moins en moins au rendez-vous jusqu’à se déclarer absent.

La talentueuse effrontée aux racines québécoises terminera son fabuleux parcours de vie dans un petit bungalow d’Hollywood en 1947, oubliée, malade et sans le sou.

Eva Tanguay aura été une brillante étoile.
Certes filante, mais étoile quand même.

Texte de Hani Ferland
Photographe, brodeuse et écrivailleuse